jeudi 31 janvier 2013

Moser / Aulenti - La battle

Gaetana Aulenti, architecte et designer italienne a reçu de très nombreux hommages suite à sa disparition en octobre dernier.
Parmi ses célèbres réalisations, certaines vous seront sans doute familières :
Lampe Pipistrello
Gaetana Aulenti a aussi signé le Musée d'Orsay (transformation de la gare en musée) ainsi que le réaménagement du Centre Pompidou.

Si Gae Aulenti a travaillé dans de nombreux pays (U.S.A., Canada, Espagne, Allemagne, France, Suède ou Iran), elle n'en demeure pas moins complètement ancrée dans le design italien.

J'ai du bien vérifier lorsque j'ai vu que le salon ci-dessous était signé Gae Aulenti


Ces fauteuils et canapés ont en effet été créés pour le Palazzo Grassi en 1983.


On est assez loin des formes rondes et généreuses que l'architecte aime tracer.
Mais surtout, ces fauteuils ressemblent étrangement à une célèbre pièce de Koloman Moser, fondateur avec Joseph Hoffmann de la Wiener Werkstatte, utilisée pour meubler le sanatorium de Purkersdorf (1905).




Gaetana Aulenti qui enseignait l'architecture a probablement voulu rendre hommage à ce très grand artiste...

Le mystérieux Palais Stoclet


Lorsque l’on s’intéresse à la Sécession Viennoise, un nom revient sans cesse, auréolé de superlatifs et magnifié par son inaccessibilité, c’est celui du Palais Stoclet.


Il s’agit de ce qui est considéré comme LE chef d’œuvre de Joseph Hoffman et de la Sécession Viennoise, la commande d’un passionné d’art et riche héritier, Adolphe Stoclet, à Joseph Hoffmann, créateur de la Wiener Werkstatte.
Le palais a été conçu et réalisé entre 1905 et 1911 à Bruxelles. Il a été le théâtre d’une vie artistique et mondaine trépidante avant de se retrouver hermétiquement fermé à la mort de Anny Stoclet, belle-fille du commanditaire. Un conflit d’héritage oppose en effet les petites filles d’Adolphe Stoclet, l’une d’elle bataillant ferme pour que le palais reste l’œuvre d’art total (Gesamtkunstwerk) que Joseph Hoffmann et son grand-père ont voulu concevoir.

C’était en effet la quête des sécessionnistes. Ceux-ci souhaitaient abolir les frontières entre arts majeurs et arts mineurs au profit d’une expérience totale.

Leur exigence était immense et les domaines auxquels s’intéressent les artistes de la sécession n’ont pas vraiment de limite.
A cet égard, la rencontre de Joseph Hoffmann et de Adolphe Stoclet est providentielle. Celui-ci lui laisse toute liberté, esthétique et financière permettant ainsi la réalisation du chef d’œuvre de la sécession viennoise : le palais Stoclet, réalisation la plus aboutie de ce mouvement artistique.
Joseph Hoffmann, avec la contribution de Koloman Moser et Gustav Klimt a conçu l’architecture intérieure et extérieure, les fresques, la décoration, le mobilier, les objets fonctionnels, les jardins et leurs massifs.

Il n’y a que très peu d’images de cet ensemble incroyable.
Toutefois, chose exceptionnelle, Taschen a obtenu après de délicates négociations avec les ayant-droits, d’envoyer un photographe pendant une semaine faire un reportage sur les fresques de Klimt. On découvre donc dans l’énorme ouvrage consacré à l’œuvre de Klimt paru récemment chez Taschen quelques unes des très rares images du palais.

Voici du moins quelques photos extérieures du palais prises le WE dernier qui permettent de mesurer l’ampleur du projet




Et quelques images d'archives du salon de musique et de la salle à manger, permettant d’apprécier le mobilier de Koloman Moser et d'entrevoir les fresques de Klimt...



 

samedi 19 janvier 2013

Un jour de janvier à Stuttgart

Si vos pas vous mènent jusqu’à Stuttgart, sachez que les visites à prévoir ne se limitent pas aux musées Porsche et Mercedes. 
Profitez absolument de votre séjour pour visiter la remarquable Staatsgalerie, musée des beaux-arts, qui offre à ses visiteurs des œuvres d’une très grande variété.  
On passe ainsi presque imperceptiblement de tableaux renaissance à une salle de peintures et sculptures de Picasso. On admire les œuvres de Paul Klee ou de Emil Nolde confortablement installés dans un fauteuil Josef Hoffmann.

 

Du beau mobilier pour une belle collection : Fauteuils Hoffman, Le Corbusier, Mies Van der Rohe et chaises Alvar Aalto

 

Il vous reste encore un bon mois pour aller voir l’exposition Ateliers où des artistes nous invite à jeter un coup d’œil à leur atelier, soit qu’il ait été représenté en peinture (Bazille, Gerhard Richter, Daumier, etc.), en photo (Giacometti) ou soit reconstitué dans le musée (Piet Mondrian ou Daniel Spoerri).

http://www.staatsgalerie.de/

 

Hors des sentiers battus, inconnue même des chauffeurs de taxi – bien à tort, allez aussi admirer la Weißenhofsiedlung, la cité Weißenhof, construite entre 1925 et 1927 à l’initiative de la Deutscher Werkbund, association attachée à la rencontre entre l'art et l'industrie, qui donna à 17 architectes un mandat pour réaliser des habitations d’ouvrier dans le cadre d’une exposition sur l’appartement.
Le vice président de la Deutscher Werkbund n’était autre que Ludwig Mies Van der Rohe et le lotissement se retrouve composé de réalisations de Walter Gropius, Le Corbusier, Mies van der Rohe ou J.J.P. Oud.



https://sites.google.com/a/sites-le-corbusier.org/association/maisons-de-la-weissenhof-siedlung

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Malgré les bombardements durant la seconde guerre mondiale, subsiste un des plus importants témoignages des débuts de l’Architecture Moderne.
Aujourd’hui, la plupart de ces maisons appartiennent à l’Etat allemand qui y loge des fonctionnaires. Une des constructions Jeanneret-Le Corbusier a été rachetée par la ville de Stuttgart qui l’a restaurée et y a installé le Weißenhofmuseum qui retrace l’aventure de ce quartier.


LC2 Le Corbusier en béton

 

La chaise René Gabriel

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A l’instar de nombre d’architectes et créateurs de mobilier du début du XXeme siècle, René Gabriel s’intéresse dès 1927 à l’industrialisation de la production des meubles qu’il conçoit.
Son succès dans cette entreprise lui vaut d’être choisit par Auguste Perret, architecte de la reconstruction de la ville du Havre, pour l’aménagement de l’appartement témoin qu’il a conçu pour la ville.





http://videos.arte.tv/fr/videos/personne-ne-bouge-l-appartement-temoin-de-l-atelier-perret--7095352.html

Ce reportage diffusé récemment sur Arte nous fait découvrir avec humour et en images l’appartement témoin aménagé par René Gabriel.

Le défi pour René Gabriel consiste alors à concevoir des meubles solides, très fonctionnels car destinés à de petits espaces et largement diffusables, donc peu coûteux et réalisables par nombre de menuiseries suffisamment bien équipées.


Photo provenant du blog art utile très documenté sur la période de la reconstruction


Ainsi, en 1943, René Gabriel reçoit une commande ministérielle pour une chaise économique (de petites dimensions, robuste – en chêne et hêtre, et réalisable en série).

Ce modèle évolue après la libération pour donner ce modèle où les caillebotis sont remplacés par des lattes de bois.
L’aspect fonctionnel est une nouvelle fois une priorité. Le nouveau modèle est désormais empilable.